Un concentré de vie

Je n’ai pu qu’inviter cet étudiant aux vacances de GS : comment le priver de la possibilité de goûter la véritable origine de ce qu’il a vécu ?

Cette année, je suis passé, en tant qu’enseignant, d’une école privée à une école publique. Beaucoup d’heures m’ont été imposées au sein d’un dispositif appelé “organe de remédiation”, ce qui veut dire que l’on est voué aux remplacements ou à l’inactivité. Or, au contraire, ce fut passionnant : cours avec d’autres enseignants, projets musicaux, enseignement en prison... En somme, ce fut la découverte continuelle d’une beauté qui s’offrait à moi, et, celle, en moi, d’un élan (curieux, vu mon caractère), jusqu’à la joie de me sentir protagoniste dans le lieu où je vis.
A la fin de l’année, je reçois le mail d’un de mes étudiants, un garçon plutôt silencieux ; pour la première fois, de manière inattendue, il me remercie des heures que j’ai passées avec lui, en classe et en dehors, et fait l’inventaire de tous les moments où il a participé à la construction de notre relation. Ce qui m’a abasourdi, c’est cette révélation d’une année de faits et gestes dont l’origine, qui va au-delà de moi, est la rencontre avec le Christ si fascinant qu’il a changé et sauvé ma vie. C’est comme un concentré de tout ce que j’ai expérimenté et reçu de beau depuis des années.
Je n’ai pu qu’inviter cet étudiant aux vacances de GS : comment le priver de la possibilité de goûter la véritable origine de ce qu’il a vécu ?

Pietro, Buccinasco (Milan)