Le Ramadan, la confession et le sens religieux

Au fur et à mesure que notre conversation progressait, nous nous concentrions de plus en plus sur les demandes ultimes que nous portons tous dans notre cœur

Bonjour Julián. Je vis à Londres depuis quelques années, et voilà six mois que je partage un appartement avec une jeune fille musulmane. Tout de suite, la relation avec elle a représenté pour moi un défi important, celui de me confronter chaque jour avec une culture différente de celle que je connaissais. Pendant le Ramadan, je lui ai demandé - un peu en matière de plaisanterie - si, dans sa religion, les gens peuvent manquer au jeûne puis se reprendre par un geste semblable à notre confession. Prenant au sérieux ma question, elle m’a répondu que non, et m’a demandé de lui expliquer ce qu’est la confession et pourquoi un homme doit intervenir en tiers dans un rapport personnel entre moi et Dieu. Sa réaction m’a d’abord déconcerté. En effet, habituellement, du moins en Angleterre, lorsqu'on est confronté à quelqu'un qui a des idées différentes des nôtres, on ne pose pas trop de questions, pour éviter des frottements désagréables ou des incompréhensions. Or elle faisait exactement le contraire.

À défaut de connaissances théologiques profondes, je lui ai parlé de la confession que j’avais faite quelques mois plus tôt, auprès d’un prêtre ami. Outre mes péchés, je lui avais confié certains doutes qui m’étaient venus au sujet de la foi, face au monde qui nous entoure. J’ai donc raconté à cette fille l’impression que j’avais alors ressentie, celle d’être embrassé, quand le prêtre, avant de m’absoudre, m’avait partagé les points lumineux de son expérience de tous les jours, qui le soutiennent dans les moments d’obscurité qui souvent nous emprisonnent. J’ai tenté de lui expliquer que, s’il n’y avait pas eu ce prêtre et d’autres amis, il m’aurait été impossible de rencontrer Dieu. Elle m’a dit alors : « Moi aussi, je me pose souvent ces questions ! » et, de là, est né un dialogue intense sur le sens de la religion dans notre vie, sur notre relation avec nos amis, athées pour la plupart. Au fur et à mesure que notre conversation progressait, nous nous concentrions de plus en plus sur les demandes ultimes que nous portons tous dans notre cœur.
Au terme de la soirée, je lui ai dit que la majeure partie de ce que je lui avais raconté venait de la rencontre avec un certain 'Luigi' et des amis qui me l’avaient fait connaître. Et je lui ai montré Le sens religieux. Elle a souhaité le lire et je le lui ai laissé, tout en me rappelant tous les autres livres que je lui avais conseillé de lire : elle me les avait rendus en disant qu’elle les trouvait trop difficiles. Le lendemain, elle m’a dit : « Ce bouquin que tu m’as prêté, il est magnifique, je l’ai presque terminé ! » Je pensais qu’elle plaisantait et je l’ai regardée avec incrédulité. Mais elle m’a affirmé : « C’est la vérité, et tous nos amis incroyants devraient lire ce livre ». Ces temps-ci, je suis souvent frappé par la profondeur de la haine et des divisions dont nous sommes témoins mais, ce soir-là, je me suis couché un peu plus heureux : j’étais certain que le cœur de l’homme est un, et désire Son étreinte.

Mario, Londres