La vie accomplie de Don Paolo

Le 24 août, don Paolo Bargigia nous a quittés, à 57 ans. Prêtre florentin, il était missionnaire à Lima au Pérou depuis 2008

Le 24 août, don Paolo Bargigia nous a quittés, à 57 ans. Prêtre florentin, il était missionnaire à Lima au Pérou depuis 2008. Atteint en 2014 de sclérose latérale amyotrophique (Sla), il dut rentrer en Italie où il a passé la dernière année de sa vie dans la paroisse Gesù Buon Pastore de Casellina, Scandicci. Après sa mort, don Julián Carrón a écrit ceci : « Don Paolo a vécu sa maladie comme une vocation dans la vocation. Progressivement dépouillé de tout, sa pauvreté a révélé à tous sa richesse : le Christ ».

Voici la lettre d’une amie.

« Après trois ans de maladie, don Paolo Bargigia a atteint l’accomplissement de son existence avec Jésus, l’Amour de sa vie. Il l’a vécue en partie au Pérou, auprès des enfants, des jeunes et des familles, dans la certitude que, seul, le Christ présent peut rendre les choses, neuves et belles. J’ai fait partie de sa chorale : la justesse des notes, la façon de chanter, de diriger, de respirer et même de s’habiller étaient presque une obsession chez lui. Il se rendait compte que l’ordre aide à l’expression de la beauté et donc de Dieu. Il avait près de lui son ami don Giovanni Paccosi qui avait quitté le Pérou pour l’accompagner sur le long chemin de sa maladie ; expérience qui permit à Giovanni de se découvrir lui-même, et qui nous offrit en même temps un magnifique exemple.
Quand je suis entrée à la chapelle ardente du Rosaire, le premier jour, j’ai éprouvé toute la douleur de sa perte, mais quand Giovanni nous a accueillis, j’ai ressenti comme une compagnie réciproque : sans bien le comprendre, je me suis rendu compte que tout était dans cette étreinte. Je voyais beaucoup de visages, chacun avec son histoire, mais tous unis par Quelqu’un qui nous convoquait à vivre le choc de ce qui s’était passé.
Nous avons rencontré Jésus ; Il nous donne des témoins de sa Présence, qui nous saisissent d’une façon que nous n’avons ni prévue ni calculée, mais qui nous correspond totalement et nous rend à nous-mêmes, pauvres mendiants assoiffés de Lui. D’autre part, je pensais à tous ses amis du Pérou et à la chance que j’avais, moi, d’être là avec Paolo. Et je me demandais, une fois de plus, ce que signifie le fait que la mort n’ait pas le dernier mot. Demande répétée tant de fois… Mais le fait de regarder ce qui se passait dans la chapelle ardente, ou ce que je n’avais pas pu voir en d’autres occasions, m’a confortée dans mon humanité et tranquillisée pour tous ceux que nous avions accompagnés. Les paroles de l’exhortation apostolique Evangelii gaudium (n° 276) m’ont aidée durant ces jours : 'Sa résurrection n’est pas un fait du passé ; elle a une force de Vie qui a pénétré le monde. Là où tout semble mort, les germes de la résurrection réapparaissent partout. C’est une force sans égale. Il est vrai que, souvent, Dieu semble ne pas exister : nous constatons que l’injustice, la méchanceté, l’indifférence et la cruauté ne diminuent pas. Pourtant, il est certain que, dans l’obscurité, commence toujours à germer quelque chose de nouveau, qui tôt ou tard produira du fruit. Dans un champ aplani, la Vie commence à apparaître, persévérante et invincible'. »

Silvia, Lima (Pérou)