« Pourquoi cela me revenait-il tout le temps à l’esprit ? »

Aucune difficulté ne nous avait été épargnée mais, grâce au beau chemin que le Seigneur nous avait fait parcourir en rencontrant le Mouvement, nous avions pu vivre avec intensité tout ce qui nous était arrivé

Cher don Julián, en novembre 2015, on a diagnostiqué chez mon mari Paolo un problème à l’estomac. En décembre, eut lieu l’intervention qui fut suivie de radiothérapie et de chimio. Le parcours de la maladie n’a pas été facile : un pas en avant, trois en arrière, jusqu’à obliger Paolo à rester à la maison et à être dépendant des autres, lui qui était superactif : le travail, la vie du Mouvement, le service à la paroisse… Mais, aussi longtemps qu’il l’a pu, il n’a jamais renoncé à l’École de communauté, chaque matin. L’École de communauté était ce qui l’aidait à affronter la journée avec toutes ces contraintes que, humainement, tu ne voudrais pas vivre. En novembre 2016, lors de sa dernière hospitalisation, son corps était en train de s’effondrer mais, pour qu’il puisse participer encore à la vie familiale, je lui apportais les factures, prétextant ne pas comprendre certains détails, et il me rappelait leur échéance.
Ces jours-là, nous arriva l’appel de versement du fonds commun. Chaque matin, quand j’arrivais à l’hôpital, il me demandait : « As-tu réglé le fonds commun ? » Je finis par répondre oui, mais c’était un mensonge. Les médecins m’avaient dit que Paolo n’en avait plus pour longtemps, un mois au maximum. Et je me demandais comment quelqu’un comme lui, conscient de son état de santé, pouvait être tracassé par un simple appel de versement, et ce que cela signifiait pour lui. Le soir, en revoyant ma journée, notre histoire me revenait à l’esprit : impossible pour moi de ne pas être reconnaissante envers le Seigneur pour tout ce qu’Il nous avait donné de vivre ensemble, les fiançailles, le mariage, les enfants. Aucune difficulté ne nous avait été épargnée mais, grâce au beau chemin que le Seigneur nous avait fait parcourir en rencontrant le Mouvement, nous avions pu vivre avec intensité tout ce qui nous était arrivé.
Dans le livret des Exercices de 2016, Paolo avait souligné : « C’est la rencontre avec le Christ, à travers une réalité humaine précise, qui nous a ouvert les yeux, qui a ouvert notre raison toute grande, en nous permettant d’aller au-delà des mesures et des préjugés, et qui a changé notre manière de traiter toute chose. Et ce qui nous est arrivé est le seul chemin pour les autres aussi ». Finalement, je me suis reprise et j’ai versé la cotisation du fonds commun, car je me rendais bien compte que le Mouvement était pour mon mari la chose la plus précieuse qu’il eût.

Marina, Pellestrina (Venise)