Découverte sur le chemin de Saint-Jacques

Le sens du pèlerinage, c’est en chemin qu’on le découvre

Nous avons connu le Mouvement il y a deux ans et demi et, immédiatement, nous y avons adhéré : il nous offrait une demeure où il ne fallait pas ‘demander la permission’ d’entrer. Pour mon mari et moi, qui étions à l’âge de la retraite, ce fut le début d’une vie comblée, grâce à une façon nouvelle de vivre notre vie de chrétiens : voir le visage du Christ dans le visage des autres. Nous avons rajeuni intérieurement, de plus en plus attachés à la vie que Dieu le Père voulait pour nous, en toutes circonstances.
Début septembre, nous avons accompagné sur le chemin de Saint-Jacques notre fils de 36 ans, Mario, incapable de marcher et aveugle. C’était son désir et le nôtre, et trois amis de longue date ont dit aussitôt : « Nous venons aussi ». Après avoir parcouru 135 kilomètres avec Mario en fauteuil roulant, nous sommes arrivés auprès de saint Jacques, pour lui demander de l’aide et le remercier des bienfaits obtenus. Mais le sens du pèlerinage, c’est en chemin qu’on le découvre. D’abord, la joie de partager avec des amis et des inconnus le parcours, les espaces des albergues -dortoir, salle de bain, cuisine, corde à linge- ; ensuite, le fait de se reconnaître dans le regard de ceux que nous rencontrions et avec qui nous parlions, malgré la barrière linguistique ; puis la proposition des jeunes, qui trimbalaient déjà leur propre sac à dos, de nous aider à pousser le fauteuil roulant dans les passages difficiles ; enfin, le fait de se débarrasser du superflu et de valoriser ce qui était à notre disposition, en prenant conscience d’avoir besoin de peu de choses mais de beaucoup d’humanité. Au terme de chaque journée, nous étions heureux d’avoir surmonté les fatigues, et reconnaissants envers Dieu de nous avoir envoyé des épreuves que nous étions capables d’affronter avec la certitude de son secours. Il a toujours marché avec nous.
Nous sommes rentrés chez nous, fortifiés et prêts à prendre une décision concernant l’avenir de notre fils. Ces jours-ci, la lecture de Traces nous a rappelé l’intervention de Mgr Pizzaballa au Meeting à propos de la parabole des talents, et la nécessité d’assumer cet héritage, même si cela comporte un risque. Cette réflexion nous a aidés à décider de nous impliquer à titre personnel dans une entreprise qui nous demandera un engagement important dans les années qui viennent.
De cette expérience, nous sommes revenus adultes : comme quoi, il n’est jamais trop tard !

Maria Pia et Roberto