La réponse au don reçu

Au terme d’une journée pleine de souffrances et d’angoisses, nous avons pris conscience de notre dépendance et de notre vulnérabilité, mais en même temps de notre grandeur

C’était le 19 septembre. J’étais en train de préparer la salle de fêtes pour accueillir les élèves quand j’ai entendu l’alarme et ressenti en même temps le tremblement de terre. La secousse a surpris tout le monde dans les escaliers, endroit le plus vulnérable du bâtiment. Bien que l’école n’ait pas subi de dégâts, nous nous rendions compte qu’il s’agissait d’un événement grave. Les élèves ont été renvoyés chez eux. Nous avons pris le chemin du retour tandis que la radio nous informait de ce qui s’était passé. La tension était à son comble et les cœurs battaient fort. Rares étaient ceux qui réussissaient à communiquer avec leur famille mais, en cours de route, des milliers de personnes se proposaient pour aider autant que possible.
À l’improviste, le cœur de l’homme -de l’homme qui aime la vie- s’est révélé dans toute sa splendeur : bon nombre de bénévoles ont renoncé à manger et même à rentrer chez eux pour se reposer, tant il était urgent de prêter secours à ceux qui en avaient besoin. Familles, amis, voisins sortaient de leurs maisons et se dirigeaient vers les zones les plus touchées, munis de provisions, de pelles, de pioches, de torches et de médicaments pour les premiers soins. Les étudiants constituèrent des équipes de secours.
Au terme d’une journée pleine de souffrances et d’angoisses, nous avons pris conscience de notre dépendance et de notre vulnérabilité, mais en même temps de notre grandeur, celle d’un cœur qui ne capitule pas parce qu’il sait que la vie ne dépend pas de lui, malgré les apparences, et que, sous les décombres, il y a une vie qui attend d’être sauvée. Même si l’on rencontre la mort dans ces ruines, elle n’a pas le dernier mot. Aucune idéologie n’est capable de donner de certitude, ni la force nécessaire pour embrasser le mystère de la mort. L’amour de la vie est le signe le plus évident qu’une personne est certaine d’avoir une valeur propre. Qui peut continuer à vivre quand l’amour de la vie a disparu ?
Ce qui s’est produit en nous ce jour-là n’était pas une réaction instinctive de survie, mais la réponse à un don reçu, réponse d’un cœur qui désire la vie, le bien, l’amour. Notre cœur s’est réveillé, et il peut le rester si nous avons conscience de ce que nous sommes : c’est ainsi seulement que nous pouvons reconnaître Celui qui nous donne continuellement la vie, et adhérer à Celui qui rend possible la solidarité. Dans un événement comme celui du 19 septembre, notre dépendance a été manifeste. Cette dépendance est une grâce. Nous avons reçu un cœur grand et indomptable, un cœur capable d’aimer le bien, parce que nous avons été aimés jusqu’au bout, parce que nous avons été sauvés et le sommes sans cesse.

Guadalupe, Cité de Mexico