Bonjour cher Père Carròn,
Un des passages d’Évangile qui m'a toujours beaucoup "dérangée", c'est l'épisode où les parents du paralytique font un trou dans le toit d'une maison pour rencontrer Jésus. Je dis "dérangée" parce que je trouve qu'il faut une sacrée audace pour ouvrir le toit de la maison de quelqu'un et descendre tranquillement, sans craindre la colère du propriétaire et en faisant fi du qu'en dira-t-on. En effet, ces gens-là étaient tellement centrés sur la Personne de Jésus et sur ce qu'ils attendaient de cette Rencontre, que rien d'autre ne leur importait.
Or j'ai assisté à cet épisode d’Évangile : c'était dimanche dernier, lors de notre Ecole de communauté. En tous cas, c'est comme ça que j'ai vécu la rencontre.

Marc est un ami très dévoué du Mouvement, ici. En 2016, il a obtenu un travail à l'AVSI et est parti à plus de 600 km d'Abidjan. Il ne pouvait donc plus venir à nos rencontres.
Comme d'habitude, chaque fois qu’on doit avoir Ecole de communauté, j'envoie un SMS à tous les amis de CL pour leur passer l'information. Et je n'ai jamais cessé d'en envoyer à Marc, même après son départ d'Abidjan. C'était ma façon à moi de l'avoir avec nous, comme pour qu'il se joigne d'intention à nous. Et, à chaque fois, il me répond en me remerciant et me confie toute sa tristesse de ne plus pouvoir participer à nos activités, mais il promet qu'il se joindra à nous dès qu'il sera de passage à Abidjan. Et, cette fois-ci, quand je lui ai envoyé le message pour la réunion, il m'a répondu qu'il y serait. Alors, j'ai été agréablement surprise et j'ai tout de suite pensé : "Ah, c'est super ! Marc est à Abidjan et on pourra se voir dimanche à la rencontre."
Le dimanche, quand j'arrive à l'Ecole de communauté, pas de Marc ! C'est étonnant parce que, quand il était à Abidjan, il était toujours le premier arrivé. Dix minutes après, toujours pas de Marc. Alors, je me dis qu'il s'est moqué de moi… Dès qu'on commence la lecture du texte de début d'année qu'on étudie actuellement, le portable de tonton Jacques sonne. C'est Marc qui décide de faire Ecole de communauté avec nous par téléphone ! Et il est resté avec nous jusqu'à la fin. Il est même intervenu pendant la rencontre et on l'écoutait attentivement, scotchés au portable de tonton Jacques. Quelle stupéfaction ! Je n'ose pas imaginer ce que ça lui a coûté financièrement. Je n'en croyais ni mes yeux, ni mes oreilles.
Deux jours après, Marc m'appelle et je lui raconte que son geste de dimanche m'a beaucoup marquée. Alors, il me confie que la qualité du moment vécu valait ce sacrifice. Je suis restée bouche bée, et la seule chose qui m'est venue à l'esprit, c'est cet épisode des gens qui font un trou dans le toit d'une maison pour avoir accès au Seigneur. Marc a fait preuve de la même ingéniosité et ça m'a touchée. Ça m'a plongée dans l’Évangile, comme si j'y étais.
Vieux père a raison ; il ne s'agit pas d'une histoire de CL-Côte d'Ivoire, en gros, mais de chacun de nous ici, pris individuellement : tonton Jacques, maman Éliane, Blandine, Marc, moi... chacun avec son chemin et son expérience personnelle dans le Mouvement.
Merci à tous mes amis de CL, d'ici et d'ailleurs, qui m'aident à être attentive à ces moments de qualité et à voir le Christ à l'oeuvre dans ma vie et autour de moi. Et surtout, un merci spécial à don Giussani qui a rendu cela possible pour moi aussi....

Eveline (Côte d'Ivoire)