Je vis avec une joie que je n’avais pas avant

Dès lors que je vous ai connus est entré dans ma vie la possibilité de pardonner à cette personne. C’est quelque chose que je n’avais jusque-là jamais considéré, et je découvre que je suis en train de le faire. Du coup, une paix inconnue est entrée en moi

L’été dernier, une femme et son fils ont commencé à fréquenter notre communauté. Elle mangeait avec nous et donnait un coup de main à l’accueil. Pendant cette période, elle s’est liée d’amitié avec une de nos familles. En octobre, j’ai découvert qu’elle voulait venir vivre à Sant Hipolit, et en janvier son fils était inscrit dans notre école. Je ne comprenais pas d’où tout cela provenait. Je voyais le rapport particulier avec cette famille mais il n’y avait aucune explication satisfaisante pour toutes les décisions que cette femme prenait. Quelques semaines plus tard elle est intervenue à l’école de communauté en disant : « Je veux que vous m’aidiez à comprendre ce qui m’est arrivé. Mon fils et moi avons beaucoup souffert à cause du mal que nous a fait une personne. Pendant dix ans, je suis restée enfermée dans un cercle vicieux d’où je ne pouvais sortir ; il me faisait du mal, et en faisait à mon fils. Dès lors que je vous ai connus est entré dans ma vie la possibilité de pardonner à cette personne. C’est quelque chose que je n’avais jusque-là jamais considéré, et je découvre que je suis en train de le faire. Du coup, une paix inconnue est entrée en moi. Ma vie et celle de mon fils ont changé. Je vis avec une joie que je n’avais pas et je respire. Qu’est-ce qui a rendu possible ce changement ? ». De ce que j’en sais, personne n’avait fait à cette personne un discours sur le pardon. Aucun livre sur la confession. Dans sa rencontre avec l’Église comme vie, notre vie, elle a reçu une connaissance nouvelle. Quelque chose qu’elle n’avait pas avant. Sans que nous ne fassions quoi que ce soit, si ce n’est vivre devant elle et avec elle. Il y eut un silence après son intervention. Je dois dire que j’étais presque épouvanté, dominé par ce que j’avais vu et entendu, vérifiant encore une fois que le Christ agit bien au-delà de ce que mon analyse limitée est capable de reconnaître habituellement. Dans la prière que nous disons, demandant que don Giussani intercède pour nous, on dit : « Que le début de chaque journée soit un oui au Seigneur qui nous embrasse et rend fertile le terrain de notre cœur pour l’accomplissement de son œuvre dans le monde, qui est la victoire sur la mort et sur le mal ». Le oui que nous offrons au Seigneur dans tout ce que nous faisons (travailler, construire une école, éduquer les enfants, aller les voir jouer au foot, …) est la condition à travers laquelle l’homme peut rencontrer la miséricorde du Christ.

Ferran, Sant Hipòlit de Voltregà (Espagne)