J’ai hâte de te rencontrer

Nous avions devant nous, deux époux qui témoignaient que l’ordinaire -être papa et maman, avoir un travail- peut devenir vraiment extraordinaire si on le vit en permettant à un Autre de modeler notre vie

« Est-ce que, toi et Marco, vous viendriez passer quelques jours de vacances en Amérique ? » Voilà ce que j’avais demandé à Elisabetta au début de l’automne, poussée par le désir que tout le monde puisse voir ce que j’avais vu. Elisabetta et Marco font partie de Cometa à Côme (une chaîne de familles qui vivent ensemble et accueillent des mineurs, ndr). Je les ai rencontrés il y a quelques années et nous sommes devenus amis. L’été dernier, comme j’étais rentrée en Italie, nous avons passé quelques jours de vacances ensemble. A ce moment-là, en Amérique, nous étions en train de travailler sur le livre de Carrón La Beauté désarmée. Ce travail m’a permis d’étudier à fond l’accueil, cette réalité qui était si attirante pour moi. Attirante, parce que je me rendais compte que l’accueil n’est pas un aspect de la vie qui concerne seulement ceux qui adoptent un enfant ou qui décident de devenir famille d’accueil. C’est un « oui » que l’on dit à son mari, à ses enfants, aux situations les plus inimaginables, parfois même les plus désagréables.
Elisabetta et Marco ont accepté et nous nous sommes donné rendez-vous à Washington, du 16 au 18 février, avec environ quarante personnes venues de divers Etats de l’Amérique du Nord.
Le thème de ces vacances était l’expérience de l’accueil. Les familles invitées savaient toutes ce qu’était ‘la différence de l’autre’, soit parce qu’elles avaient adopté un enfant, soit en tant que famille d’accueil, soit parce qu’elles avaient un enfant malade. Les semaines de préparation ont été très belles. Nous avons commencé par faire connaissance, de loin, les uns avec les autres et nous avons partagé nos histoires. De nouvelles relations sont nées qui nous faisaient dire : « J’ai hâte de te rencontrer ». Les familles de Washington se sont proposé d’héberger celles qui venaient d’ailleurs.
Pendant le week-end, nous avons vécu tous ensemble et le Père José Medina a animé des moments de réflexion sur le thème de l’accueil, en s’appuyant sur le livre de don Giussani, Le miracle de l’hospitalité. Nous avons écouté le témoignage d’Elisabetta et Marco : nous leur avons posé beaucoup de questions, puis le dialogue s’est établi et nous avons parlé de nos situations respectives et de nos désirs. Ce que nous venions d’entendre, ce n’était pas l’expérience de deux héros capables de mener une vie extraordinaire grâce à des aptitudes particulières ou à une préparation spéciale. Nous avions devant nous, deux époux qui témoignaient que l’ordinaire -être papa et maman, avoir un travail- peut devenir vraiment extraordinaire si on le vit en permettant à un Autre de modeler notre vie.
Comme pour confirmer tout cela, un article du journaliste David Brooks parut ces jours-là dans le New York Times, racontant sa rencontre avec Cometa. N’est-ce pas un signe qui montre que le monde a besoin, a soif d’une vie et d’une réalité plus humaines, et que l’homme, lorsqu’il les rencontre, les reconnaît parce qu’elles lui correspondent ?

Raffaella, Rochester (USA)