Pérou. La surprise de fin d’année

La peur que les élèves ne soient pas intéressés, pris qu’ils sont par les réseaux sociaux ou leurs idéologies. Et Gian, qui ne voulait pas entendre parler de la Chapelle Sixtine… Grâce à eux, une prof redécouvre le lien entre l’étude et la vie

La dernière semaine de cours, j’étais fatiguée parce que j’avais travaillé dur pour réussir à offrir quelques extraits de mes cours d’histoire de l’art à mes élèves de la faculté de Communication sociale, surtout ceux le plus victimes des différentes idéologies, des réseaux sociaux et de l’indifférence. Je pensais qu’ils auraient sous-évalué mes arguments.
Parfois, je sortais de classe triste, me demandant si je leur avais laissé quelque chose, car ma préoccupation principale était de faire une proposition de connaissance de l’art, de la beauté en lien avec le jugement et avec la vie-même.

Bien, le dernier jour de cours, un de mes étudiants, Gian, vient me voir et me dit : « Je veux vous remercier parce que vous m’êtes entrée dans le cœur », puis il a sorti son téléphone et m’a montré les photos qu’il avait faites et classées selon les styles artistiques qu’il avait appris en classe, lorsque j’avais parlé du romantisme et de l’impressionnisme. Je suis restée sans voix devant les yeux de ce garçon heureux de ce qu’il avait appris ; et il me dit : « Merci surtout car à travers vous j’ai connu l’amour d’une fille qui est maintenant ma fiancée ». Moi je ne comprenais pas vraiment le rapport. Quand est-ce que j’avais fait une chose de ce genre, pensais-je. Et il a continué : « Parce que vos cours m’ont appris que la vie a une beauté pour laquelle il vaut la peine de vivre ».
Après lui, les autres élèves sont aussi passés me saluer, et les souvenirs des moments vécus en classe me revenaient. Une fois, Kevin, un autre étudiant, s’était ému aux larmes devant la Piéta de Michelangelo. Il m’avait interrompue en disant : « Prof, moi je ne crois pas en Dieu, mais devant autant de beauté, on ne peut que s’émouvoir ». À partir de ce moment, il s’asseyait au premier rang et intervenait toujours durant les cours.

Quelle joie ai-je éprouvée dans mon cœur, non pas à cause des remerciements, mais pour la correspondance vécue entre le travail que l’on fait et la positivité de la vie. Je me souviens que durant les premiers cours, Gian m’avait tout de suite cataloguée, car il ne croit pas en Dieu, et je leur parlais de la Chapelle Sixtine. Quelle ironie que ce soit justement lui qui soit devenu aussi amoureux de l’art et de la vie. Quel Mystère.
Je ne sais pas comment le Seigneur est à l’œuvre en eux, la seule chose que je sais, c’est que je n’oublierai jamais la beauté que j’ai étudiée dans l’art et que j’ai découverte dans le quotidien de ma vie.

À la fin de ce dialogue, j’ai simplement voulu leur dire que je serai toujours à leur disposition, à chaque fois qu’ils en auront besoin : « Cherchez-moi et je serai là ». Et je suis sortie émue, en pensant à leur destin et avec le désir que ce petit début d’amitié puisse continuer.

Maria Luisa, Lima (Pérou)