Je me sens pleine de gratitude pour ce qui s’est passé pendant ces trois jours à Venise. Ce n’est pas pour ce que j’ai fait ou pensé, mais pour ce dont je me suis aperçue grâce à la compagnie de mes amis. Le témoignage de Nane a été un véritable évènement : comme moi, Nane a fait une rencontre qui est à l’origine de sa position d’ouverture face à la réalité et qui lui fait poser la question du sens des choses : « Pourquoi ? ».

Depuis qu’il a pris cette question au sérieux sa vie a changé. Pendant que je l’écoutais parler je pensais : « Moi aussi je veux vivre comme ça ! Moi aussi je veux être aussi heureuse que lui ! Y a-t-il un ami plus grand de celui qui m’aide à prendre au sérieux mes questions ? ». Nane nous a dit que « tout a à voir avec la vie ». J’ai compris la portée de cette phrase le deuxième jour : nous étions face à un coucher de soleil extraordinaire, mais je me sentais triste et insatisfaite.

Le soir nous avons eu une rencontre sur le poète italien Giacomo Léopardi et je me suis sentie comme un de ses personnages, le berger d’Asie, qui envie ses brebis car elles ne peuvent pas se poser de questions. Je me suis rendue compte que ma colère face au coucher du soleil n’était qu’une inutile tentative de ne pas prendre au sérieux mon besoin et que mon insatisfaction et ma tristesse pouvaient demeurer telles quelles ou se transformer en une véritable demande. Souvent j’aimerais pouvoir tout résoudre immédiatement, j’aimerais arriver à une réponse sûre et objective, mais le bonheur de Nane me montre qu'il est plus avantageux de garder les questions ouvertes, car c’est la condition nécessaire pour pouvoir intercepter la réponse.

Chiara, Milano