Il ne m'est pas montré un problème, mais un chemin

Un diagnostic médical inquiétant et toutes les certitudes données pour acquises disparaissent. En révélant la vraie question : de quoi ai-je peur au fond ?

Il y a quelques mois on m'a découvert une tumeur importante à l'ovaire. S'en est suivie immédiatement une batterie d'examens médicaux vécus plutôt sereinement, avec la certitude que le "problème" serait réglé au lendemain de l'opération visant à me la retirer du corps. Trois semaines après l'opération, le gynécologue me révèle que bien que non cancéreuse, la tumeur n'est pas bégnine et que des analyses supplémentaires sont nécessaires pour déterminer le risque de récidive. Il m'explique qu'il n'y a pas d'inquiétude à avoir ; la logique médicale est implacable : on vise la tranquillité donc le risque zéro, on enlève ce qui pose problème et si je souhaite des enfants, je pourrai les "faire" par PMA. Je devrais me sentir chanceuse !

Et pourtant un gouffre s'ouvre devant moi. Je me rends compte d'abord que j'ai toujours tenu pour acquise la possibilité d'avoir des enfants. Je me découvre extrêmement fragile. Puis vient la peur d'un refus de la congélation (je n'ai jamais envisagé la maternité de cette façon) et donc de la potentielle impossibilité d'avoir des enfants.

Les résultats des analyses tardant à arriver, chaque jour qui passe me fait aller plus loin dans mon angoisse jusqu'à ce qu'émerge la vraie question : de quoi ai-je peur au fond ? Et la réponse, qui couvait au fond du cœur depuis longtemps, immédiate : de ne pas être aimée et de ne pas être heureuse. Je reste sous le choc d'avoir dû vivre ça pour le reconnaître. Et aussitôt : et si j'arrêtais enfin d'agir et de penser à travers le prisme de ces peurs ? Et si je disais oui, si pour une fois je Lui laissais vraiment la main et Lui faisais confiance, même si je ne comprends pas ?

La récidive a finalement été jugée tardive et mes organes ont été préservés. Il ne m'était donc pas montré un problème, mais un chemin : ressentir dans ma chair ma faiblesse (ne pas s'arrêter à une reconnaissance théorique) et apprendre à m'abandonner dans les mains de Dieu. Un chemin qui continue, et dont je vois les très beaux fruits chaque jour dans les relations avec mes amis, mes colocataires, mes collègues de travail, ma famille, le Mouvement, etc. Et même celles blessées et que je ne voulais plus affronter. Une si petite fente dans la carapace et Lui qui s'y engouffre déjà...

Lettre signée, France