Il y a quelques jours, je devais manger avec un de mes amis, mais il était en retard. Habituellement, je ne supporte pas ce genre de situation : seule au milieu des gens, en train d’attendre quelqu'un, j'étais donc un peu mal à l'aise. Alors je me suis assise sur un banc au soleil. Devant moi, il y avait une personne endormie avec un sourire sur le visage qui me rappelait celui du vieil homme en haillons sur une célèbre photographie de Tony Vaccaro. La dame à côté de moi m'a regardée avec un visage serein. À un moment donné, la personne a ouvert les yeux et dit : « Quel beau soleil, nous en avions vraiment besoin ».

J'ai souri et je me suis abandonnée moi aussi à ce soleil en pensant : «Comme il est chaud ! Comme c’est beau ! Merci ». Sur ce banc, j'ai pris conscience de cet instant de vie, lui aussi donné, qui existait même avant, mais dont je n’avais pas conscience. Alors, j'ai ouvert les yeux sur ce qui se passait autour de moi : une femme de ménage qui recommandait depuis un balcon d'entrer par la porte de derrière pour ne pas salir là où elle venait de nettoyer ; ou le ciel clair sur lequel se détachaient les branches des arbres, et ainsi de suite. Et comme cela pendant un quart d'heure : mon regard était dominé par une note positive qui n’existait pas avant.

Ce matin-là, j'avais demandé : « Fais que je me rende compte de Toi qui arrives ». Ces quelques minutes ont été une caresse, et tout cela à cause du retard d'un ami et du regard d'une dame. J'ai été émue par une journée ensoleillée qui était déjà là, mais pas dans toute cette portée de nouveauté. J'ai été frappée par la façon dont j'ai accueilli mon ami à son arrivée, heureuse et sereine.

Maria, Brugherio (Milan)