Camus, Caligula

Caligula

Albert CamusGallimard 1993
Pages: 224

« Caligula : C’est une vérité toute simple et toute claire, un peu bête, mais difficile à découvrir et lourde à porter.
Hélicon : Et qu’est-ce donc que cette vérité, Caïus ?
Caligula : Les hommes meurent et ils ne sont pas heureux.
Hélicon : Allons, Caïus, c’est une vérité dont on s’arrange très bien. Regarde autour de toi. Ce n’est pas cela qui les empêche de déjeuner.
Caligula : Alors, c’est que tout, autour de moi, est mensonge, et moi, je veux qu’on vive dans la vérité ! »

Ange en quête d’absolu ? Monstre sanguinaire ? Avant la guerre, Albert Camus conçoit Caligula, ainsi que Sisyphe ou Meursault (L’étranger), comme un héros de l’Absurde. En 1945, la pièce est reçue comme une fable sur les horreurs du nazisme. Ses versions et ses mises en scène successives, l’évolution de la sensibilité du public ont contribué à faire de Caligula une des figures les plus troublantes de notre théâtre. À l’image du tyran se superposent, dans notre mémoire, les visages de Gérard Philipe, qui créa le rôle, et celui d’Albert Camus, qui mêla toujours au besoin de tendresse et à l’exigence de pureté une étrange « fixation au meurtre » et « cette violence intérieure » (Jean Grenier) qui anime son empereur romain.