La promesse que l’autre fait naître en nous

Intervention du père Julián Carrón à la Veillée pour le synode sur la famille avec le pape François, Place Saint-Pierre, 3 octobre 2015
Julián Carrón

« En effet, pour l’Église, la famille n’est pas principalement un motif de préoccupation, mais plutôt la confirmation de la bénédiction de Dieu sur le chef-d’oeuvre de la création. Chaque jour, partout dans le monde, l’Église a des raisons de se réjouir avec le Seigneur du don de cet immense peuple de familles qui, même au milieu des épreuves les plus dures, garde les promesses et conserve la foi ! » (27 septembre 2015).

Ces paroles du pape François à Philadelphie nous donnent la raison de notre rencontre ce soir : remercier Dieu qui continue à susciter des familles, comme le montre notre présence aujourd’hui, ici, pour demander qu’il continue à bénir nos familles.

D’où lui vient cet optimisme ? De la certitude de la fidélité du Seigneur envers son Église, sa famille. Elle nous suggère ainsi, à nous aussi, la direction que doit avoir notre regard, sur quoi fonder notre espérance.

Comment atteindre toujours plus cette certitude ? En vivant jusqu’au bout la raison pour laquelle deux personnes se marient. Comme nous l’a rappelé l’encyclique Deus caritas est, dans « l’amour entre homme et femme, […] s’épanouit pour l’être humain une promesse de bonheur qui semble irrésistible, […] devant lequel s’estompent, à première vue, toutes les autres formes d’amour ».

C’est l’expérience que témoigne Giacomo Leopardi dans son hymne à Aspasie : « Une lumière divine à ma pensée : c’est ainsi que ta beauté m’apparut ». La beauté de la femme est perçue par le poète comme une « lumière divine », comme la présence de la divinité. À travers sa beauté, c’est Dieu lui-même qui frappe à la porte de l’homme.

La beauté de la femme est en réalité « lumière divine », signe qui renvoie à autre chose. Voilà pourquoi, si les époux ne rencontrent pas ce à quoi ce signe renvoie, le lieu où la promesse suscitée par l’autre peut trouver son accomplissement, ils sont condamnés à être usés par une prétention dont ils n’arrivent pas à se débarrasser et leur désir d’infini est destiné à rester insatisfait.

Jésus-Christ, la Beauté faite chair, met « sa personne au centre de l’affectivité et de la liberté de l’homme » ; au « cœur de ces mêmes sentiments naturels, il se place de plein droit comme leur véritable racine » (don Giussani). Lui seul peut accomplir la promesse que l’autre fait naître en nous. Nos familles pourront atteindre leur plénitude, se pardonner, faire face à tous les défis, s’ouvrir aux autres, si elles L’accueillent chez elles.

Ainsi pourrons-nous témoigner à tous la beauté de nos familles, le bien qu’elles représentent pour tous, en montrant que le Christ permet d’aimer sans retour car « tu fus et tu es tout pour moi » (Ada Negri).

Télécharger le PDF