La gauche s’attaque au principe de l’universalité des allocations familiales

En France, l’enfant est peut-être roi mais la gauche est républicaine. En témoignent les coups de boutoir contre la famille que s’acharnent à porter les gouvernants.
David Victoroff

En France, l’enfant est peut-être roi mais la gauche est républicaine. En témoignent les coups de boutoir contre la famille que s’acharnent à porter les gouvernants. Dernier en date, l’idée émise par le groupe socialiste à l’assemblée nationale de moduler les allocations familiales en fonction des revenus des allocataires. Actuellement ces allocations sont versées mensuellement à tous les parents sans distinction de revenu, en fonction du nombre d’enfants à charge selon le barème ci-dessous majoré éventuellement en fonction de l’âge des enfants.

Ces allocations ne prétendent pas couvrir tous les frais occasionnés par un enfant, mais elles constituent pour les familles un complément de revenu non négligeable. Pour les socialistes, il serait injuste que les familles aisées puissent « profiter » de cet avantage alors que, selon eux, elles n’en auraient pas besoin. Aussi, dans une perspective égalitariste, ils veulent introduire une dégressivité des versements en fonction de certains seuils, premier pas sans doute vers une suppression pure et simple pour les « riches », ceux qui gagnent par foyer plus de 6000, voir pour certains plus de 4000 euros par mois. D’autres envisagent une alternative : l’imposition au titre de l’impôt sur le revenu. Mais dans ce cas beaucoup de familles à revenus modestes deviendraient imposables.

Pour l’instant, le gouvernement de Manuel Valls préfère diviser par trois la prime de naissance la ramenant de 923 à 308 euros, à compter du deuxième enfant. Il souhaite également réduire le congé parental de 3 ans à 18 mois pour les femmes et à 18 mois pour les hommes. Les congés parentaux étant pris essentiellement par les femmes, il escompte ainsi faire une sérieuse économie.

On comprend les raisons officielles de cet acharnement. Le régime est déficitaire et il faut trouver un moyen de rogner sur les dépenses. Mais derrière ce prétexte financier se dissimulent des arrière-pensées politiques et idéologiques : réservons les aides à ceux qui sont susceptibles de voter pour nous, punissons les privilégiés qui ont les moyens d’élever leurs enfants et même de leur payer l’école privée (en même temps qu’ils contribuent au financement de l’école publique par leurs impôts). Enfin, faisons bien comprendre qu’un homme et une femme, un papa et une maman, c’est pareil, en forçant éventuellement les hommes à prendre un congé parental.

Personne ne fait des enfants pour avoir des allocations ou des congés. Mais force est de constater qu’avec son système d’aide aux familles et ses crèches, la France connaît un taux de natalité presque unique en Europe : avec environ deux enfants par femme, elle se situe juste derrière l’Irlande, mais loin devant l’Italie et l’Espagne. Et c’est l’un des rares domaines où elle fait beaucoup mieux que l’Allemagne, en dépit d’un taux d’occupation professionnelle des femmes élevé. Il faut donc bien réfléchir avant de détruire un dispositif qui fonctionne. La natalité est l’un des rares facteurs de dynamisme de notre économie et le gage du financement futur du système de retraite. Pour économiser 700 millions d’euros, on risque donc des perturbations économiques bien plus graves à l’avenir.
D’autant que cette réduction d’allocations intervient après le plafonnement du quotient familial, système qui prenait bien en compte le nombre d’enfants à charge pour le calcul de l’impôt sur le revenu, la diminution des réductions d’impôt pour frais de garde et d’autres mesures mesquines qui envoient un message désastreux : la république ne souhaite plus que les familles qui ont les moyens de les élever aient des enfants. Sauf, bien entendu, quand il s’agit de couples homosexuels pour qui l’enfant est un droit qu’ils doivent pouvoir satisfaire au prix de n’importe quelle manipulation des esprits et des corps. Mais c’est une autre histoire.