Des mages d’Hérode aux savants du CNES

Le voyage de Rosetta dans l’espace nous interpelle. Jusqu’où les savants iront-ils dans leur quête des origines de la vie? Doit-on avoir peur de leur découverte où au contraire attendre avec impatience de nouvelles raisons d’admirer l’œuvre du créateur ?
David Victoroff

« Il paraît qu’il y a de la vie sur terre grâce aux comètes. Comète… Noël… La vie… Ça te dirait d’écrire un article ? »
C’est donc sur proposition de ma rédactrice en chef Alessandra – si prompte à voir la main de dieu dans les œuvres de l’homme – que je vous livre ces quelques réflexions. Tout d’abord, comment ne pas être ébahi par l’exploit technique que représente l’envoi d’une sonde sur une comète ? Les chiffres sont hallucinants : 6,6 milliards de kilomètres parcourus, un voyage de plus de 10 ans pour rejoindre un astre qui file à 66 000 kilomètres à l’heure, et la pose d’un engin piloté de la terre, à 500 millions de kilomètres de là, et dont les instructions mettent prêt d’une demi-heure à parvenir à leur destinataire.
Au-delà de la performance technique, il y a tout l’imaginaire que peut représenter pour chacun de nous ce voyage dans l’espace. On pense au Petit Prince de Saint-Exupéry, qui ramone ses volcans sur son astre minuscule. Philae, ce drone posé sur le sol de la comète, sonde lui aussi les entrailles de l’astre, dans l’espoir d’y détecter les origines de la vie.
Nous, chrétiens, croyons que toute vie vient de Dieu. Les savants pensent qu’elle vient de l’espace et que les comètes, ces vestiges du début de la création de l’univers, en tombant sur notre planète, ont peut-être apporté les molécules de carbone et d’eau qui ont permis à la vie de s’y développer. Ces deux approches sont-elles compatibles ? Sans doute pas pour les chrétiens fondamentalistes qui s’accrochent à une interprétation libérale de la Bible. Ni pour les scientistes obtus pour qui foi et connaissance sont antinomiques et qui bornent le domaine de la raison à celui de la physique. Mais pour nous qui savons que foi et raison sont indissociables, les tentatives humaines pour remonter aux sources de la vie ne doivent pas nous effrayer ; elles doivent au contraire nous remplir d’enthousiasme ! Car à mesure que nous progressons dans la connaissance de l’univers, nous mesurons combien l’œuvre divine est belle. Même si on peut être déçu par l’apparence en forme de pop-corn - comme l’écrit Le Monde - de la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, puisque c’est comme ça qu’elle s’appelle.
Pour parvenir à la rejoindre, les hommes ont dû, malgré tout leur savoir technologique, se plier aux lois naturelles de la gravité universelle. Ces lois sont-elles le fruit du hasard ou bien l’accomplissement d’un dessein divin ? Quelles réponses vont apporter Rosetta et Philae aux questions que l’humanité se pose sur les origines de la vie et sur les siennes ? Sans doute, les scientifiques mettront-ils des mois à décrypter les informations qu’elles vont, espérons-le, parvenir à leur transmettre. Mais nous pouvons d’ores et déjà être sûrs que les savants d’aujourd’hui, comme les mages du temps d’Hérode, ne feront qu’apporter un motif supplémentaire d’émerveillement face à la création, et une raison de plus de rendre grâce. À la veille de l’Avent, c’est un beau cadeau du ciel.