Du développement ... à l'urgence

La collecte de fonds de l’AVSI se recentre sur ce qui peut faire repartir un peuple. Mais il y a aussi les chrétiens qui fuient Daech, les victimes de la guerre en Syrie, et la Sierra Leone en proie à Ebola : cris qui ne peuvent rester sans réponse.
Paolo Perego

Développement et urgence : tels sont les mots-clés qui se dégagent de la Campagne des Tentes --2014-2015-- de l’AVSI, en soutien à six projets de par le monde. Le premier thème avait fait l’objet du dernier Meeting de Rimini, avec l'exposition présentée par l'ONG ; mais, pour des situations de grande urgence, l’AVSI s’est mobilisée et demande la contribution de tous.

LES RÉFUGIÉS D’ERBIL. L’exode des chrétiens, persécutés par Daech et réfugiés dans les villes du Kurdistan irakien, en est un premier exemple. «Nous ne sommes pas présents dans ces régions, explique Maria Teresa Gatti, responsable de la communication de l'ONG, mais, à partir d’une suggestion de Monseigneur Shlemon Warduni, auxiliaire des Chaldéens à Bagdad, nous avons décidé de soutenir le projet que Caritas a mis sur pied pour aider les réfugiés à Erbil ». Caritas travaille en Irak avec les églises locales depuis 1992. Depuis janvier 2014, les travailleurs de Caritas ont été contraints, du fait de l'arrivée de Daech, d'abandonner leurs centres à travers tout le pays, y compris dans le nord de l'Irak. C’est seulement à partir de juin, qu’une aide de plus de 800 000 dollars a été attribuée à Erbil, en nourriture et objets de première nécessité. Outre le soutien matériel, il faut également aider les familles à se reconstituer. Caritas a présenté un projet de soutien à un millier de ces familles, à Erbil et à Bagdad.

Soutien et accueil aussi en Syrie, où la guerre a fait en trois ans près de 200 000 victimes dans la population. C’est l’action de la Custode de Terre Sainte que l’AVSI a décidé de soutenir aujourd'hui. Thomas Saltini, directeur de l'Association Pro Terra Sancta, s’occupe de l'urgence en Syrie et coordonne le travail de 14 frères vivant à Alep, Homs, Damas et dans les zones frontalières avec le Liban et la Turquie. « La Custode représente 80% de l'Église latine en Syrie. Sa mission a toujours été la pastorale paroissiale et l'activité éducative ». Avec la guerre, les portes des couvents et des églises se sont ouvertes aux familles chrétiennes et musulmanes qui ont besoin d’aide. Quatre centres d’accueil ont été mis en place à Knayeh, Yacoubieh, Jser-El Chougour et Jdeideh. Ils hébergent environ deux cents personnes et assurent chaque jour le soutien de quatre mille autres. Dans le nord, le Centre d’accueil de Knayeh n'a plus de fenêtres et la pluie pénètre à travers le toit. Dans d'autres villages, comme Ghassanieh, les gens se réfugient dans le couvent. Les frères tiennent ici une petite clinique mais manquent de médicaments, et les puits ne suffisent pas à la demande en eau. En creuser un nouveau coûterait 25000 dollars. C’est beaucoup ! surtout si l'on considère que l’on peut, avec 150 euros, subvenir aux besoins d’une famille de trois personnes pendant trois semaines ; ou, avec 21 euros, acheter un kit de médicaments pour quatre enfants. Et pourtant, le père Simon nous dit que, malgré les nombreuses difficultés, malgré les bombes, « les gens ne cessent pas d'aller à l'église ».
LES ORPHELINS DU VIRUS. Il n’y a plus de guerre en Sierra Leone ; ici, l'urgence s’appelle « Ebola ». L’AVSI est sur le terrain depuis l’an 2000, soutenant un partenaire local, le Family Home Movement, fondé par le père Joseph Berton, salésien, qui jusqu’à sa mort en 2013, s’est toujours occupé des enfants : d'abord des enfants-soldats de la dernière guerre, puis du plan éducatif, avec l'ouverture de deux écoles, la Holy Family à la périphérie de Freetown, qui s’occupe de 1600 élèves, de la maternelle au secondaire, et une école primaire dans un village voisin de la ville. « Ebola est arrivé cet été, s’est propagé très rapidement et est toujours en progression, avec des conséquences qui vont plus loin que la contagion et la mort », explique Nicola Orsini, référent de l’AVSI en Sierra Leone où les écoles sont fermées, les rassemblements interdits et la désinformation dangereuse. Par conséquent, le premier travail de l’AVSI et de FHM est d'informer.
Il y a aussi le projet de créer, avec d'autres organismes humanitaires, des Centres d'isolement non loin des villages, avec du personnel médical pour les patients suspects, et la possibilité de recevoir des visites de la famille. De plus, la mission éducative se poursuit. Les écoles étant fermées, le gouvernement diffuse les cours par radio : «Nous essayons de les transmettre dans les zones rurales, grâce à des émetteurs locaux, et de trouver le moyen de répondre aux questions des enfants, même par téléphone ». L'accueil des orphelins du virus se poursuit et l’on tente de retrouver des membres de leur famille. « Malheureusement, il y a ce que nous appelons la “stigmatisation“, ajoute le référent de l’AVSI : la crainte du virus génère un refus, de la part de ceux qui ont été en contact avec la maladie ou qui, s’ils l’ont eue, en sont sortis. Nous projetons de rénover l'ancien Centre d'accueil de Saint-Michel à Lakka pour donner une maison à 200 orphelins ».

LES AUTRES PROJETS

ÉQUATEUR, LES MATERNELLES DE QUITO
Depuis plus de dix ans, le travail de l’AVSI, grâce à un soutien à distance, suit plus de 1500 enfants de deux provinces : celle de Pisulli dans la banlieue de Quito, et celle de Manabi, plus loin des zones urbaines. En particulier, les Tentes ont pour objectif cette année de donner un coup de main à cinq maternelles familiales, mises en place pour 30 enfants par leurs mères, et à la maternelle Ojos de cielo de Quito pour 30 autres petits de 1 à 5 ans. Le projet prévoit également un soutien à un programme post-scolaire, dans la même zone, pour 150 enfants.

KENYA. LES “SŒURS“ DE SAINT-KIZITO
Le développement part de l'éducation. Depuis son arrivée à Nairobi, l’AVSI s’est toujours occupé de l'école et de ses à-côtés, avec les adoptions à distance, mais aussi avec l'ouverture d’écoles et de centres de formation professionnelle. Le Saint-Kizito par exemple avec ses «sœurs» plus ou moins jeunes, qui ont prospéré au cours des années : l’école maternelle Emanuela Mazzola, les écoles primaires Little Prince dans le bidonville de Kibera, Urafiki Carovana et San Riccardo Pampuri à Mutuati, au pied du Mont Kenya, et la dernière-née, l’école secondaire Cardinal Otunga. Tout au long de la prochaine année, une partie des contributions des Tentes sera consacrée à aider ces œuvres.

DE SAO PAULO À HAÏTI, LES ÉCOLES DE L’ALIMENTAIRE
Beaucoup ont pu voir, dans l'exposition de l’AVSI au Meeting de Rimini, le travail du CREN, centre de récupération nutritionnelle de Sao Paulo au Brésil qui, depuis 1994, à travers des enquêtes, des recherches et des interventions sur le terrain, aide chaque année plus de cinq mille enfants des favelas, sans oublier une éducation à l’alimentation à l’intention des mères. Cette année, l’AVSI a décidé de soutenir non seulement son partenaire de Sao Paulo, mais aussi tous ceux qui, dans le monde, se sont inspirés de ce travail ; par exemple, le centre Meo au Burundi, celui de Humure au Rwanda, ceux du Nigeria, du Sud Soudan ou de Haïti, une cantine et un centre éducatif au Mexique et les écoles d’horticulture au Myanmar, ainsi que les projets de soutien à la production ali