« Je t’ai attendu jour et nuit »

Voici la lettre que le père Julián Carrón a écrit à l'occasion du pèlerinage Macerata-Lorette qui aura lieu le 11 juin 2016.
Julián Carrón

Chers amis, en cheminant vers Lorette, vous découvrirez plus facilement la profondeur immense de votre besoin si vous regardez le témoin que le Seigneur nous a donné pour parcourir un chemin humain aujourd’hui : le pape François. Qui aurait pu imaginer sa réponse aux problèmes du monde et aux urgences de la vie ? Une année sainte de la miséricorde. « Oui, humainement parlant, c’est insensé, mais "ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes" (1 Co 1, 25). » Apprenons du Pape à avoir ce regard : « Ce qui enchante et attire, ce qui fait fléchir et vainc, ce qui ouvre et déchaîne, ce n’est pas la force des instruments ou la dureté de la loi, mais la faiblesse toute-puissante de l’amour divin, qui est la force irrésistible de sa douceur et la promesse irréversible de sa miséricorde. »

Le pèlerinage est une grande occasion pour apprendre à attendre le Seigneur jour et nuit, et pour pouvoir reconnaître le Christ qui, en venant à notre rencontre, suscite en nous le besoin d’être pardonnés, nous arrache à notre distraction et nous attire à nouveau vers lui, comme il l’a fait avec les disciples d’Emmaüs.
Je vous souhaite de revivre l’expérience du fils prodigue en chemin vers sa maison, plein de nostalgie de son père, comme l’a dit le Pape il y a quelques jours, sentant « comment bat le cœur de notre Père. C’était un cœur qui battait d’inquiétude, quand tous les jours il montait sur la terrasse pour regarder. Qu’est-ce qu’il regardait ? Si son fils revenait… La miséricorde nous fait expérimenter notre liberté ». En effet, rien n’est automatique, de même que chaque pas qu’il vous faudra faire ; c’est toujours la liberté qui doit décider quelle position prendre : la gratitude démesurée du fils prodigue ou le scandale du fils resté à la maison. La gratitude fait avancer, le scandale bloque.

Que le silence et la prière vous remplissent d’émerveillement pour le tressaillement de Dieu pour chacun de nous : ce sera comme si nous revivions le long voyage d’Israël pour arriver jusqu’au Christ, dominés par une étreinte plus fidèle que nos infidélités, « l’étreinte de ce Dieu qui nous crée, qui nous a créés et qui a permis ce mystère qui est le péché originel : il a permis cette folie qui désintègre, qui rend impossibles l’unité et la perfection ; il l’a permise pour remplir tout de sa nature de Dieu, c’est-à-dire de sa miséricorde » (don Giussani).
C’est pourquoi nous n’avons pas peur, nous ne nous décourageons pas et nous ne baissons pas les bras mais avançons dans l’espérance : « Une positivité totale face à la vie doit guider l’âme du chrétien, quelle que soit la situation dans laquelle il se trouve, quel que soit le remords qui l’habite, quelle que soit l’injustice qu’il sent peser sur lui, quelles que soient l’inimitié ou l’adversité qui l’entourent, quelle que soit la mort qui l’assaille, parce que Dieu, qui a fait tous les êtres, est pour le bien. Dieu est l’hypothèse positive de tout ce que l’homme vit, même si cette positivité semble parfois être submergée en nous par les tempêtes de la vie » (don Giussani).

Je vous remercie pour le témoignage que vous rendrez, soutenus, comme Marie, par rien d’autre que votre « oui » au Christ. De retour chez vous, je vous souhaite que sur votre visage transparaisse une différence autrement impossible, signe de la portée de l’attraction du regard du Christ, parce que « la miséricorde est une compassion qui touche les entrailles » (pape François).

Parmi vos intentions de prière, mettez-en une spéciale pour le pape François et une pour moi aussi, pour que se renouvelle mon « oui, Seigneur, tu sais que je t’aime » pour le bien de votre vie.

Uni à vous dans la foi
père Julián Carrón

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