Un pas en avant dans l'autoconscience

Notes de la synthèse de Julián Carrón à l’assemblée avec les responsables de Communion et Libération en Italie, Pacengo di Lazise (Vérone), 11 mars 2018
Julián Carrón

Haja o que houver
Canzone di Maria Chiara


« Dans nos yeux les faits, entre nos mains les livres », disait saint Augustin (Sermo 360/B, 20 : Sermo sancti Augustini cum pagani ingrederentur ; nous traduisons). En ce moment, le signe le plus évident qui montre si nous avons eu dans les yeux les faits qui témoignent de la présence vivante du Christ est la manière dont nous avons prié les psaumes (les livres). Si nous avons ces faits dans les yeux, ils nous parlent avec une densité et une profondeur qui nous échapperaient autrement. Le psaume 45, que nous venons de prier, est presque une synthèse de tout ce que nous avons vécu et dit ces jours-ci. Qui sait ce qu’a expérimenté la personne qui l’a écrit, quelle expérience de Dieu elle a faite ! Se trouvant dans la nécessité de relever les défis de la vie, elle n’a pas pu les regarder sans avoir le Seigneur dans les yeux. « Dieu est pour nous refuge et force, / secours dans la détresse, toujours offert. / Nous serons sans crainte si la terre est secouée, / si les montagnes s’effondrent au creux de la mer ; / ses flots peuvent mugir et s’enfler, / les montagnes, trembler dans la tempête. / […] [Mais] / la plus sainte des demeures du Très-Haut […] est inébranlable », parce que « Dieu s’y tient » (Psaume 45, Livre des Heures, Tequi 1999, p. 27).
Cette certitude n’émerge pas en regardant la vie du balcon, mais en se laissant défier par chaque ébranlement de la terre. Ainsi, chaque fois qu’on perçoit un choc du réel, on peut reconnaître : « Il est avec nous, le Seigneur de l’univers ; / citadelle pour nous, le Dieu de Jacob ! / Venez et voyez les actes du Seigneur, / comme il couvre de ruines la terre ». Tout fait partie du chemin pour Le reconnaître. C’est uniquement en affrontant les difficultés, les défis et les circonstances concrètes qu’on peut reconnaître un Autre à l’œuvre : « Arrêtez ! Sachez que je suis Dieu. / Je domine les nations, je domine la terre » (ibidem). Ce n’est pas une définition creuse, au contraire, c’est une réalité si présente qu’elle se rend d’autant plus évidente que le défi est puissant. Si nous ne passons pas par-là, autrement dit s’il n’y a pas de vérification, notre foi aura une date de péremption, tôt ou tard elle s’affaiblira, non pas parce que nous ferons quelque chose de particulièrement contraire à elle, mais parce que la peur prendra le dessus, parce qu’à un moment donné autre chose que Sa présence prendra le dessus.
Ainsi, c’est en ayant ces paroles du psaume dans les yeux que nous pouvons regarder ce que nous avons vécu (...)

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