Le soutien scolaire (photo de Aldo Gianfrate)

Stands de Noël Avsi/2. Une mission de dix minutes

Des maisons ouvertes aux familles à Milan, Turin ou Madrid. Les Sœurs de la Charité de l’Assomption prennent en charge adultes et enfants, à travers les soins infirmiers à domicile et le soutien scolaire. Un autre projet de la campagne 2019/2020
Silvia Guidi

Trois cent familles de près, presque de l’intérieur, en partageant les "petites choses" normales du quotidien. C’est ce qui se passe dans les "maisons agrandies" des Soeurs de Charité de l’Assomption, présentes aujourd’hui dans des quartiers populaires de Turin, Milan, Trieste, Naples, Rome et Madrid. Le terme "maison agrandie" donne aussi le nom au projet soutenu pour la deuxième année par les Stands de Noël de Avsi. Les sœurs rencontrent les familles en difficulté par différents canaux : les soins infirmiers à domicile, l’accueil des jeunes et des enfants à travers l’activité de soutien scolaire, l’investissement éducatif à travers le rapport avec les écoles et les parents (il leur arrive d’accompagner des enfants à l’école maternelle ou à l’école primaire), la collaboration avec les structures locales et les services sociaux. Les soeurs entrent dans les maisons du quartier et les familles, en accompagnant les enfants à l’accueil de jour, entrent à leur tour dans la «"maison" des sœurs, qui s’élargi ainsi au-delà des murs du couvent.



« Nous répondons aux besoins des gens et avec ces gestes simples et concrets, parfois même quotidiens, nous partageons un sens de la vie plus profond », raconte Fulvia Ferrante, petite soeur du "Martinengo" à Milan : « la manière dont les relations se reconstruisent est un mystère de Dieu, même si parfois cela n’arrive pas, malheureusement. Nous devons faire attention à ne pas perdre de vue le vrai sens du mot "estime". Avoir de l’estime pour quelqu’un, c’est lui affirmer sa valeur. Ce n’est pas attendre qu’il soit parfait. Notre vocation n’est pas de corriger, de vouloir changer le monde à tout prix. Nous sommes appelés à demeurer, avec le coeur ouvert ».

Mère générale pendant 24 ans avant de passer le flambeau à sœur Mariangela Marognoli, sœur Gelsomina Angrisano approfondit ainsi le thème de l’accueil, en indiquant la perspective que le regard doit suivre : « Obéir est la plus belle chose au monde, parce que nous ne pouvons pas fabriquer notre image du bonheur, qui resterait toujours profondément insuffisante. Dans toutes ces situations, il ne s’agit pas de faire des choses, mais de s’allier avec l’imperfection : notre imperfection s’allie avec celle des autres dans l’histoire de cette présence. C’est là la source de tout ».

Cette alliance d’imperfections transforme le tranquille désespoir de beaucoup en un solide réseau d’amitié et fait redevenir "un peuple" des gens qui ne l’étaient plus, car elles étaient seules ou déracinées. Il leur a suffi de vivre la vie de tous les jours dans l’une de ces maisons élargies, rendues accueillantes, où l’on respire un air nouveau qui change tout. Ces maisons sont aussi une belle expérience pour les bénévoles qui collaborent à l’accompagnement des enfants. Pietro, un bénévole du centre de jour pour les enfants à Milan, a écrit : « Après les devoirs, les jeux, les vacances ensemble, la promenade, les chants, je rentre à la maison et je pense "quelle plénitude extraordinaire j’ai vécue !" Je désire, pour moi et pour les autres, cette intensité chaque jour ».

Le chant n’est pas facultatif : c’est une occasion pour se laisser embrasser par la Beauté avec un B majuscule. « Avec des amis de la fraternité, nous proposons quelques initiatives pour reconstruire le peuple de Dieu. Entre autres, la "Sérénade à la Vierge Marie", une soirée où nous faisons écouter un parcours de chants et de lectures proposé aux familles que nous rencontrons », raconte sœur Cristina Bertola. « Par exemple, Rosa est une maman bolivienne de 29 ans. Nous l’avons connue il y a cinq ans, alors qu’elle attendait son deuxième bébé et Carlos, son aîné, fréquentait l’école primaire. Carlos a aujourd’hui 12 ans. Rosa a souvent participé aux moments de chants avec les autres familles. Cette année cependant elle a désiré s’investir beaucoup plus : elle est arrivée en avance avec ses enfants et s’est assise au premier rang. Elle a participé à la sérénade avec beaucoup d’attention, elle n’en a pas perdu une miette. En entendant les paroles de la chanson Give me Jesus, elle a dit à un ancien éducateur de son fils : "Moi, ce Jésus-là je le veux" ».

Sœur Cristina poursuit son récit en expliquant que Rosa le lendemain lui a raconté avoir éclaté en sanglots dans le bus qui la ramenait à la maison à la fin de la soirée. « C’est quelque chose qui m’a touché en profondeur, je ne sais pas l’expliquer. C’est comme une liberté, je me suis sentie en paix. Comme lorsque ta mère te serre dans ses bras, même si la comparaison est faible. Je ne voulais pas être ailleurs qu’ici, je me suis sentie chamboulée dans ma conscience et j’ai pleuré pour demander pardon, aussi à mes fils avec qui je peux être dure ».

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Des petites, des grandes histoires d’amitié qui creusent un chemin durable dans le temps. Soeur Fulvia ajoute en souriant : « C’est comme si Dieu me disait : "excuse-moi, je dois m’absenter un instant. Peux-tu t’occuper de cet enfant dix minutes, ensuite je le reprends ?". Voilà notre mission, ma mission : donner ces dix minutes ».