Une jeune fille de Maputo participant aux projets AVSI (photo: Aldo Gianfrate)

Stands de Noël AVSI/5. Mozambique. Une chance pour le futur

Les jeunes veulent laisser derrière eux les blessures de la guerre. Aujourd'hui, il est nécessaire non seulement qu’ils apprennent un travail, mais qu’une nouvelle classe dirigeante puisse naître. Voici comment la campagne 2019/2020 veut y contribuer
Emmanuele Michela

L'avenir du Mozambique montre les cicatrices d'une guerre de plusieurs décennies, mais dans ses yeux on lit les espoirs et le panache d’une jeune génération qui construit aujourd'hui son plus beau profil. Avsi, qui opère dans le pays africain depuis 1999, à l’occasion de sa campagne de solidarité Stands de Noël 2019 propose à tous de soutenir un projet réalisé en collaboration avec les Acli et intitulé "Mozambique. Travailler pour devenir une classe dirigeante". L'initiative a deux objectifs : élargir l'accès au monde du travail pour 125 femmes et jeunes peu scolarisés, mais aussi soutenir la formation d'une classe dirigeante locale, dans les domaines politique, social, culturel et économique, grâce aussi à la collaboration avec des universités aux et des masters internationaux. Deux cibles apparemment éloignées l’une de l’autre, et pourtant bien reliées : elles concernent les jeunes, cette tranche de la population qui peut incarner la volonté de renaissance du pays et qui au cours des deux dernières décennies a vu sa population presque doubler (les Mozambicains sont aujourd'hui 30 millions) avec un âge moyen de seulement 17,2 ans.

C'est une génération qui connaît la pauvreté (environ un citoyen sur deux vit avec moins d'un demi-dollar par jour) et qui veut laisser derrière elle ce conflit fratricide qui en août dernier, grâce à la signature de l'accord de paix entre le président Filipe Nyusi, chef du Front de libération du Mozambique (Frelimo), et Ossufo Momade, chef de la Résistance nationale mozambicaine (Renamo),a peut-être fait un pas décisif vers sa fin. "Une étape très importante" : lors de sa visite dans le pays en septembre dernier c’est ainsi que le pape François a défini cette poignée de main, qui faisait suite à un premier accord de paix signé en 1992 à Rome. Le pape a souhaité au pays de ne pas perdre le courage de la paix : « Que de choses se sont passées depuis la signature du traité historique qui a scellé la paix et donné ses premières fruits ! Ce sont ces fruits qui soutiennent l'espoir et nous donnent confiance, pour que ce ne soit pas la lutte fratricide à écrire l'histoire.



Au cours de ses vingt années d'expérience au Mozambique, Avsi a travaillé autant au soutien de la population des quartiers pauvres de la capitale Maputo, que dans des secteurs transversaux tels que le développement urbain, l'énergie et l'environnement. « Les premières initiatives, grâce à l’aide à distance, ont permis de soutenir l'association Khandlelo, active depuis longtemps à Maputo dans l’aide aux enfants et à leurs familles dans les quartiers les plus défavorisés de la ville », explique Giorgio Capitanio, qui suit les projets d'Avsi au pays africain. Au fil du temps, cependant, les compétences de l'association ont évolué : « Le Mozambique est un pays contradictoire : la guerre civile a ralenti le développement et bloqué la construction de routes et de voies de communication. En même temps, le conflit a fait en sorte qu'une grande partie des richesses du territoire restent inexploitées, voire inconnues ». C'est pourquoi, au cours des dix dernières années, les multinationales se sont montrées de plus en plus attentives : « Un grand gisement de gaz naturel a été trouvé dans le Nord, et l'agro-industrie suscite un grand intérêt. Mais la croissance économique des 15 dernières années a dû faire face à un contexte peu préparé à gérer ce développement ».



C'est ainsi que Avsi a multiplié ses domaines d'intervention : éducation et formation, mais aussi développement urbain et énergétique, par exemple à travers la diffusion à la population de plaques de cuisson plus performantes qui permettent la réduction des risques liés à la combustion du charbon et de faire des économies (chaque mois environ un dixième du salaire d'un travailleur est dépensé en combustibles fossiles). « On les a appelées "les cuisinières efficaces" : elles permettent de s’affranchir du système traditionnel de cuisson utilisé par la population la plus pauvre, qui utilise des poêles posées sur des pierres et chauffées au charbon », poursuit Capitanio : « Suite à notre initiative des jeunes de Maputo ont créé une coopérative qui vend ces produits ».

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Les Stand de Noël Avsi 2019 permettront de lancer des projets pour soutenir le développement du Mozambique, en stimulant l’intérêt et les compétences d'une trentaine de jeunes Mozambicains. « Le boom économique a mis en lumière combien les travailleurs ont besoin d’acquérir des compétences plus spécifiques. C'est pourquoi, aux côtés des bénéficiaires habituels des projets d'Avsi, c’est-à-dire les groupes de population les plus pauvres et les plus vulnérables, nous voulons contribuer à la faire grandir une classe dirigeante, autant dans la sphère publique que privée. Capitanio donne quelques exemples : « Nous avons rencontré des jeunes qui ont de petites entreprises avec un grand potentiel : la perspective est de leur permettre d'être hébergés dans des multinationales ou des grandes entreprises, afin de développer des compétences professionnelles plus pointues. Ou encore, nous aimerions activer un cours de formation pour des techniciens urbains travaillant dans les villes de Maputo et Pemba, pour les aider à améliorer leurs compétences, en jumelage avec d'autres municipalités africaines ou européennes ».