Des enfants aidés par le soutien à distance de AVSI (Photo : A. Grassani)

Stands de Noël AVSI/7. Eli a grandi

Avec l'aide à distance, vous contribuez non seulement à la formation d'un élève, mais également à la vie de toute sa famille. Et, même de loin, vous suivez les enfants qui grandissent, parfois de façon surprenante. Un peu comme cet enfant du Rwanda ...
Emmanuele Michela

Pour AVSI, le soutien à distance est l'un des outils fondamentaux pour maintenir ses activités. Pour cette raison, parmi les différents projets de la Campagne "Stands de Noël 2019/2020", il y en a un spécifique dédié à ce type d'aide, avec un titre qui reflète sa réalité essentielle : "Vous n'êtes jamais trop loin pour vous rencontrer". Oui. « Pour nous, le soutien à distance est le premier moyen de savoir ce qui se passe dans un lieu : nous rencontrons un enfant pour l'aider, mais avec lui nous connaissons aussi sa famille et essayons de comprendre leurs besoins ». L'histoire est racontée par Lucia Castelli, pédiatre et conseillère en protection de l'enfance chez AVSI, pour qui elle suit des projets dans divers pays africains et au Moyen-Orient depuis 25 ans. « L'amitié qui naît à distance entre une famille en Europe et un enfant d'ici nous amène à mieux connaître cet enfant et à le regarder plus attentivement, ce qui nourrit notre façon d'accompagner quelqu'un pour devenir grand ».

Actuellement, 23 762 enfants sont pris en charge par AVSI dans le cadre de projets de soutien à distance, dans 28 pays différents en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient, en Amérique latine et en Russie. De 1994 à ce jour, plus de 56 000 personnes ont choisi cette forme d'aide, répondant aux besoins éducatifs de plus de 100 000 enfants, le tout au travers de frais annuels facilement gérables : 312 euros suffisent (et peuvent également être payés en paiements échelonnés) pour aider une personne à faire face à sa scolarité. « Cet argent a pour premier objectif l'éducation d'un jeune, il sert à payer des choses simples, comme les cahiers, et les frais de scolarité. Mais il y a bien plus : aider un enfant aide toute sa famille ». L'utilité de l'assistance à distance marche dans les deux sens, à la fois pour ceux qui reçoivent et pour ceux qui donnent. L’histoire d'une fille ougandaise m'a frappé : il y a quelques années, à l'occasion d'une fête d'école à la fin de ses études elle a reçu la visite de la famille italienne qui la soutenait depuis des années. Cette mère et cette fille se sont souvent écrites et sont devenues amies : ce fut une très belle rencontre. Cette famille avait vu la fille grandir de loin et ils l'avaient toujours accompagnée. Cela montre que d’une petite graine semée peut naître un arbre ».



Au cours de ses années d'expérience, plusieurs rencontres ont influencé la méthode utilisée par Lucia. Elle se rappelle par exemple du Kenya : « A Nairobi, nous aidons plusieurs enfants qui fréquentent l'école "Little Prince". Il y a quelques années, certaines mères voulaient être aidées à créer une petite crèche pour leurs plus jeunes enfants, chacune contribuant avec ses propres compétences : il y avait celles qui savaient cuisiner, celles qui accompagneraient les enfants... Nous avons choisi de les soutenir, réussissant ainsi à aider autant les enfants que les mères ». La famille est donc aidée par le soutien à distance, en s'appuyant également sur des réseaux et des associations qui opèrent déjà dans la région comme le Meeting Point International à Kampala, ou l'association Khandlelo à Maputo, au Mozambique.

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Eli, un enfant rwandais de 10 ans, a également bénéficié du soutien à distance : « Il n'allait pas à l'école parce qu'il était malade du Sida : il avait perdu ses parents, il vivait avec sa grand-mère et sa sœur aînée qui possédaient une petite parcelle de terre et rien d'autre », explique Lucia Castelli. « Il n'a pas été soigné et surtout il ne voulait pas être soigné! Nous l'avons rencontré : ses yeux très vifs expliquaient son envie d'aller à l'école. Nous l'avons donc mis dans un projet où il a reçu du soutien et des soins, et il a commencé à étudier ». Eli avait un tel désir d'aller en classe qu'il a suivi les thérapies prescrites à la lettre, et il est devenu responsable d'un groupe d'entraide avec d'autres enfants malades qui devaient également suivre de façon méticuleuse le traitement. « Aujourd'hui, il a grandi et avec certains camarades il a créé une association reconnue par le gouvernement, qui va faire des cours de formation dans les écoles sur la prévention du Sida ».

En 2010, lorsqu’AVSI a achevé un projet majeur dans le pays, une fête a été organisée. Parmi les invités se trouvait Eli, qui a pris la parole et a déclaré : « Le projet d'AVSI se termine, mais AVSI ne s'en ira pas : je continuerai à faire ce qu'il a fait avec moi ».