De gauche à droite : don Giussani, don Francesco Ricci et don Pigi Bernareggi. São Paulo, 1974 (©Fraternité de CL)

Pigi Bernareggi. Le message de Carrón

« Il a toujours suivi la méthode humble de Dieu. Combien de fruits a portés sa disponibilité à suivre cette méthode ! » Les paroles du guide de CL à propos de la mort du missionnaire italien
Julián Carrón

« La créature nouvelle naît de l’élection du Christ qui l’insère dans cette compagnie humaine suscitée par Son Esprit qu’est l’Église. Cette élection assume toujours une expression historique concrète » (L. Giussani–S. Alberto–J. Prades, Engendrer des traces dans l’histoire du monde, Parole et Silence, Paris 2011, p. 123).

Chers amis, ces paroles de l’école de communauté que nous venons de travailler décrivent la vie du père Pigi Bernareggi, entièrement vécue au sein de cette forme historique concrète qu’est le charisme et entièrement marquée par deux fidélités. Tout d’abord, la fidélité de Dieu, qui l’a choisi pour faire progresser Son plan de salut et ne l’a jamais abandonné. Ensuite, la fidélité de Pigi, qui a reconnu et suivi l’appel du Mystère, qui l’avait rejoint en 1954 dans une classe du lycée Berchet de Milan avec l’accent caractéristique de don Giussani. Il s’est souvenu toute sa vie de ce qu’a été son « beau jour » : « Comme un ouragan, il était entré dans nos vies – et nous attendions déjà le prochain cours ». Pourquoi ?
« Il nous demandait d’utiliser la raison de manière nouvelle, non plus appliquée à formuler des schémas et à cataloguer des notions, mais ouverte à la découverte du mystère de l’être, à la transparence du sens ultime de l’expérience humaine ».

À travers don Giussani, le christianisme a fait irruption dans sa vie comme un événement présent : « Ce que j’ai reçu dans GS [Jeunesse Étudiante, première dénomination du mouvement Communion et Libération, ndt], c’est la certitude de la présence du Christ en toute chose, toujours, quoi qu’il arrive, même si le monde venait à s’écrouler : la présence du Christ dans l’instant qui passe, car s’il n’est pas dans l’instant qui passe, il n’existe tout simplement pas, ce sera un schéma théorique auquel on se réfère de temps en temps, une sorte de refuge ou de retraite spirituelle. La grande découverte que nous avons faite dans GS, avec mes amis, est que la substance de l’instant qui passe est la présence du Christ. S’il n’est pas dans l’instant qui passe, il n’existe pas ». Pigi nous rappelle que le Christ est quelque chose qui nous arrive maintenant. C’est son plus grand héritage.

C’est pourquoi sa devise sacerdotale était : « Ne rien préférer au Christ » (Saint Cyprien). Cette conscience a fait de lui un acteur dans le témoignage quotidien auprès des habitants des favelas de Belo Horizonte. Il n’a jamais suivi d’autre chemin, même lorsqu’il a dû traverser les sombres vallées de la solitude et de la maladie. Il a toujours suivi la méthode humble de Dieu. Combien de fruits a portés sa disponibilité à suivre cette méthode !

Dans une lettre de 1999 à Rosetta – qui a partagé jusqu’au bout avec Pigi l’aventure brésilienne –, don Giussani parlait de lui comme du « plus grand nom parmi nos missionnaires. Mais Pigi a également été à l’origine des tout débuts du mouvement. Pour moi, Pigi incarne l’idéal de notre mouvement en ce qu’il fait vivre le CHRIST aujourd’hui tel que Pierre et Jean le voyaient hier ».

Demandons que l’idéal incarné par Pigi envahisse notre vie, afin que ce que Pierre et Jean ont vécu, et Pigi avec eux, devienne toujours plus une expérience quotidienne pour chacun de nous aussi : « J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8, 38-39).

Avec affection,

père Julián Carrón


Milan, le 23 janvier 2021