Du Vatican, le 19 juillet 2024
Son Excellence
Mgr Nicolò Anselmi, Évêque de Rimini


Votre Excellence,

À l’occasion du 45e Meeting pour l’amitié entre les peuples, le Saint Père désire adresser à tous les participants un message de vœux, en saluant les organisateurs, les bénévoles et tous ceux qui prendront part à cet événement, dont le titre constitue un chaleureux appel à la responsabilité : « Si nous ne recherchons pas l’essentiel, alors que cherchons-nous ? ».

Alors même que nous traversons des temps complexes, la recherche de ce qui constitue le centre du mystère de la vie et de la réalité est d’une importance cruciale. Notre époque, en effet, est marquée par des problématiques diverses et des défis considérables, face auxquels nous rencontrons parfois un sentiment d’impuissance, une attitude de renoncement et de passivité qui peuvent conduire à « traîner sa vie » et se laisser emporter par l’étourdissement de l’éphémère, jusqu’à perdre le sens de l’existence. Dans ce scénario, le choix de se mettre à la recherche de ce qui est essentiel est donc plus que jamais pertinent.

Aussi, le pape François encourage la tentative de chercher, avec passion et enthousiasme, ce que la beauté de la vie fait émerger, en affrontant la question posée par don Luigi Giussani lorsqu’il affirmait courageusement : « Le cœur est rongé par la sclérose, c’est-à-dire par la perte de la passion et du goût de vivre. […] La vieillesse à vingt ans et même avant, la vieillesse à quinze ans : voilà la caractéristique du monde d’aujourd’hui » (Le sens religieux, Salvator, Paris 2023).

Alors que soufflent les vents glacés de la guerre, qui viennent s’ajouter aux manifestations récurrentes d’injustice, de violence et d’inégalité, ainsi qu’à la grave urgence climatique et à une mutation anthropologique sans précédents, il est indispensable de s’arrêter et de se demander : y a-t-il quelque chose pour lequel il vaille la peine de vivre et d’espérer ?

Dès le début de son pontificat, le pape François nous exhorte à lire aussi les résistances, les difficultés et les chutes des hommes et des femmes d’aujourd’hui comme un appel à réfléchir, pour que le cœur s’ouvre à la rencontre avec Dieu et que chacun prenne conscience de soi-même, du prochain et de la réalité.

Il ne cesse d’inviter à se faire mendiants de l’essentiel, de ce qui donne un sens à la vie, avant tout en se dépouillant de ce qui alourdit le quotidien, sur l’exemple d’un grimpeur qui, arrivé au départ de la paroi rocheuse, doit se libérer du superflu pour pouvoir monter plus rapidement. Ce faisant, nous découvrons que la valeur de l’existence humaine ne consiste pas dans les choses, dans les succès obtenus, dans la course de la compétition, mais avant tout dans cette relation d’amour qui nous soutient, en enracinant notre chemin dans la confiance et l’espérance : c’est l’amitié avec Dieu, qui se reflète ensuite dans toutes les autres relations humaines, qui fonde la joie qui ne passera jamais. Nous sommes aimés, voilà la vérité essentielle, que don Giussani lui-même annonçait aux jeunes étudiants : « Vous êtes aimés. Voilà le message qui parvient pour votre vie. […] Voilà ce qu’est Jésus Christ dans l’histoire de l’homme, le commencement permanent de ce message : “Vous êtes aimés !”. Qu’est-ce que la vie ? Être aimés. Et l’être que nous avons maintenant ? Être aimés. Et le destin ? Être aimés » (Litterae Communionis-Tracce, 1996, n°1).

Sur la même longueur d’onde, le pape François rappelle que « l’essentiel pour nous, le plus beau, le plus attirant et en même temps le plus nécessaire, c’est la foi dans le Christ Jésus » (Discours aux participants à l’assemblée plénière du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, 26 janvier 2024). Le Seigneur seul, en effet, sauve notre fragile humanité et, au milieu des adversités, nous permet d’expérimenter une joie autrement impossible. Sans ce point d’ancrage, la barque de notre vie serait à la merci des vagues et risquerait de couler.

Revenir à l’essentiel qui est Jésus ne signifie pas s’évader de la réalité mais, au contraire, c’est la condition pour se plonger réellement dans l’histoire, pour l’affronter sans en fuir les défis, pour trouver le courage de risquer et d’aimer même lorsque cela ne semble pas en valoir la peine, pour vivre dans le monde sans aucune crainte. Comme l’écrivait l’Archevêque Montini : « Tu nous es nécessaire, ô Christ, ô Seigneur, ô Dieu avec nous, pour apprendre l’amour véritable et avancer dans la joie et dans la force de ta charité, le long du chemin de notre vie éprouvante » (Omnia nobis est Christus. Lettre pastorale à l’archidiocèse de Milan pour le Carême 1955).

C’est donc dans cet esprit que le Saint Père apprécie et partage le but du prochain Meeting, car viser l’essentiel nous aide à prendre en main notre vie et à en faire un instrument d’amour, de miséricorde et de compassion, en devenant signe de bénédiction pour le prochain. Face à la tentation du découragement, à la complexité de la crise actuelle et, en particulier, au défi d’une paix qui semble impossible, le Saint Père exhorte chacun à devenir un acteur responsable du changement, en collaborant activement à la mission de l’Église, pour donner vie ensemble à des lieux dans lesquels la présence du Christ puisse être vue et touchée. Cet engagement choral peut générer un monde nouveau, où l’Amour qui s’est manifesté à nous en Jésus Christ triomphe enfin, et où la planète entière devient temple de fraternité.

Le Pape François souhaite que le riche programme du Meeting, dans la multiplicité des propositions et des langages, puisse susciter chez beaucoup le désir de devenir chercheurs de l’essentiel et faire fleurir dans les cœurs la passion pour l’annonce de l’Évangile, source de libération de tout esclavage et force qui assainit et transforme l’humanité. À tous, organisateurs, bénévoles et participants, Il envoie de tout cœur Sa bénédiction, en demandant la faveur de prier pour lui.

En ajoutant aussi mes vœux personnels, je profite de la circonstance pour vous confirmer mes sentiments de respect distingué

à votre Excellence Révérendissime
très dévoué
Card. Pietro Parolin Secrétaire d’État