Un progrès social?

Iter, l'association culturelle de Paris, a invité hier, 6 mars, Catherine DENIS, médecin, spécialiste en théologie morale, mère de famille, à nous éclairer sur cette question délicate qui défraye l'actualité.
Alessandra Guerra

Le sujet est abordé de façon vive et directe: le genre, un progrès social à promouvoir ou une notion à combattre? De façon très pédagogique et claire, Catherine DENIS nous a accompagnés à réfléchir. Les explications sont objectives et empreintes d'une juste distance affective. D'une part il y a les informations biologiques, historiques, psychologiques. D'autres part, il y a la reconnaissance de l'aspiration universelle d'aimer et d'être aimé. Mais attention, nous dit-elle, à utiliser ces différents aspects de façon équilibrée. Si on laisse une notion prendre le dessus, alors on arrive aux incohérences actuelles. Car si nous en sommes arrivés là, c'est que les revendications féministes qui ont commencé dans les années '50, se sont radicalisées dans une conception uniquement de lutte contre la domination masculine. Est née ainsi l'idée absolue que l'égalité homme/femme ne peut se faire qu'en passant par le fait de reconnaître qu'il n'y a pas de différence entre l'homme et la femme. Pour être au service de l'égalité il faut lutter contre la différence, donc passer par l'abolition de la différence sexuelle. De là à dénoncer l'hégémonie masculine à l'intérieur même du couple hétérosexuel et donc de mettre en cause la famille, il n'y a qu'un pas. Et nous voilà dans la culture de la neutralité qui nie les différences homme/femme. Catherine DENIS préfère parler de "déconstruction culturelle". Plein d'initiatives sont nées depuis 2010 (groupes PRÉSAGE, les GARCES, etc) qui apportent des enseignements autour de ces problématiques du genre, comme à Science Po à Paris, dans les cours de SVT, de philosophie, etc. Et la nouveauté est qu'actuellement ils sont présentés prétendument de façon scientifique dans des cours de biologie.
Pour conclure, Catherine nous dit que nous sommes confrontés à une nouvelle forme de dualisme qui pense l'homme sans son corps. Un corps désincarné. Exaltation du corps d'un côté et négation de la réalité de ce même corps. Mais devant tant d'incohérence, quoi faire? Si derrière toutes ces revendications se cache l'idée noble de liberté des choix individuels, d'orientation sexuelle, il est important de témoigner que la liberté ne se joue pas justement dans ce choix de genre, être femme ou homme. Au nom de la liberté, nous ne pouvons éliminer quelque chose qui nous a été donné. Mais notre liberté se joue justement dans la manière d'être femme et homme.
Un témoignage vrai, un discours cohérent, feront écho forcément à la raison humaine!