Une soirée au Ciné-club Iter 2014

Sortir tant qu’on peut, même pour aller voir des films sur l’enfermement, c’est déjà une expérience de liberté.
David Victoroff

Lorsque le ciel est gris, que le vent souffle en tempête et qu’une petite bruine tombe sur Paris avec la nuit, ressortir de chez soi pour aller voir un vieux film noir des années trente, tourné pendant la grande dépression, ne va pas de soi. Et pourtant ceux qui étaient venus dans la belle salle paroissiale de Saint-Germain l’Auxerrois ce lundi 11 décembre n’ont pas été déçus. Même pour un inconditionnel de Louis de Funes et des Bronzés, la fréquentation des vieilles pellicules en noir et blanc peut s’avérer enrichissante. À plus forte raison quand l’entrée est gratuite.

Franchement, le film choisi ce soir là n’était pas des plus rigolos : « J’ai le droit de vivre » de Fritz Lang, (« You only live once » dans sa version anglaise »), raconte l’histoire tragique d’un jeune délinquant à peine sorti de prison qui se voit accusé d’un braquage, est condamné à mort, s’évade en tuant l’aumônier de la prison et, après une fuite éperdue avec sa jeune épouse dans l’Amérique profonde, tombe avec elle sous les balles d’une police impitoyable. A priori, rien là qui puisse vous remonter le moral un soir d’hiver.

Cependant, que de sujets de réflexions et que de motifs d’espérance dans ce thriller hollywoodien en apparence banal, traité par un maître austro-germano-américain aux racines juives mais à l’éducation catholique. Quel bonheur d’étaler une culture si fraichement apprise !

Il faut dire que la présentation, puis la discussion, menées avec maîtrise et sans aucune pédanterie par Jean-Loup Bourget et la qualité de l’assistance ont permis d’approfondir la vision que l’on avait de ce film au demeurant très palpitant : la culpabilité, l’amour, la justice, la peine de mort, la prédestination, le rôle corrupteur ou salvateur de la société, le salut après la mort… autant de thèmes de l’histoire traitée magistralement par Fritz Lang qui ont nourri notre réflexion.

En définitive, comme souvent, il faut parfois dominer ses préventions, que l’on soit hostile à la formule ciné-club, ou que l’on redoute d’affronter les frimas hivernaux. Le ciné-club d’Iter, comme beaucoup d’initiatives du mouvement, n’est pas tout à fait comme les autres. Le thème choisi pour le cycle en cours, l’enfermement et la liberté, est directement lié à l’expérience menée par Marie-Michèle Poncet et quelques autres qui, une fois par mois, se rendent à Fleury-Mérogis pour visiter des prisonniers. « Si la pesanteur de la vie quotidienne suscite le désir de s’en évader, de la fuir pour vivre une autre histoire, des œuvres au contraire nous permettent un dialogue avec sa réalité et aident notre liberté » explique Marie-Michèle.

Alors pourquoi ne pas profiter de cette liberté pour sortir et aller à la prochaine séance, le jeudi 15 janvier à 20 heures, dans la salle paroissiale de Saint Germain L’Auxerrois. On y verra « Un prophète » de Jacques Audiart.