Élevé au Texas, dans un milieu protestant où Dieu, famille et patrie sont la synthèse de la Bible et la raison de vivre, Chris Kyle apprend de son père ce que signifie être un homme : « Fais ce que tu dois faire mais ne laisse jamais personne derrière ». De 1999 à 2009, Chris s’enrôle comme membre des Navy Seals, le corps des Opérations spéciales de la Marine des États Unis. Durant cette période il est envoyé en Irak, où il tuera 160 personnes depuis sa position solitaire, du haut d’une terrasse ou d’une maison abandonnée dans les ruines de ce qui reste d’un quartier dévasté par la guerre. Devenant ainsi le sniper, le franc-tireur, le plus fameux et le plus légendaire de l’armée des USA, mais aussi le plus recherché par les terroristes, qui le surnomme « le diable de Ramadi » et mettent une rançon sur sa tête. Mais Chris est aussi un mari et un père.

Un homme qui a raconté sa vie dans l'autobiographie American Sniper, le livre dont Clint Eastwood - après que Spielberg ait décidé d'abandonner le projet - a tiré ce film magistral pour sa tension et sa mise en scène, et qui a créé une polémique aux États-Unis avant même sa sortie, car considéré comme trop patriote et chauviniste. A l’inverse, c’est l’une des meilleures œuvres sur la guerre de ces dernières décennies : la caméra savamment guidée par Eastwood, qui du fait de son expérience humaine et de sa capacité artistique, n'a nullement besoin d'effets spectaculaires faciles, nous invite à nous identifier à chaque instant avec le regard et la respiration de Chris Kyle, rendu à la perfection par Bradley Cooper, l’un des plus grands acteurs vivants.

Pour le réalisateur de Gran Torino, la guerre n’existe pas seulement sur les champs de bataille mais aussi à l’intérieur de l’homme. Et ces questions sur le sens, dans les premiers plans intenses du visage de Cooper, nous rappellent que cette guerre, cette lutte entre le bien et le mal, n’est certainement pas gagnée.


American sniper
de Clint Eastwood
avec Bradley Cooper et Sienna Miller (2014)