Nagai, le préféré

« Requiem pour Nagasaki, biographie de Takashi Nagai, le Gandhi japonais » est le livre du mois de mai
Tommaso Ricci*

Au terme de cette lecture de 300 pages, une question s’impose : comment se fait-il que je ne connaisse pas cette incroyable, merveilleuse et émouvante histoire ? Elle s’est pourtant déroulée durant une période où les moyens de communication étaient déjà développés et fluides dans le Japon de la Seconde Guerre mondiale.

Requiem pour Nagasaki raconte l’histoire de Takashi Nagai, un médecin qui s’est converti au catholicisme en lisant Pascal et grâce au témoignage de la communauté de Nagasaki qui sut vivre et lire la bouleversante tragédie de la bombe H, larguée le 9 août 1945, comme un holocauste des chrétiens pour le peuple japonais.

A partir de cette conversion réfléchie et tourmentée, Nagai offrira avec joie toute sa vie au Seigneur : ses propres peines et ses souffrances, son travail de médecin prodigué durant la guerre sino-japonaise à ses compagnons d’arme comme à ses ennemis, son dévouement infatigable à son pays en tant qu’excellent radiologue (il s’exposa aux rayons X pour soigner des milliers de malades, ce qui lui fut fatal).

Survivant à la bombe atomique, Nagai dut recueillir les restes de sa bien-aimée femme Midori. Il ne cessa pas pour autant de louer le Seigneur pour les innombrables grâces reçues au cours de sa vie. Il continua à donner de la joie et à encourager ceux qu’il rencontrait pendant cette période de catastrophes nationale, malgré son affaiblissement physique. Ce faisant il récolta l’héritage laissé jadis par Maximilien Kolbe, missionnaire à Nagasaki.

Humaniste, poète, scientifique, chercheur d’absolu, Nagai est un personnage qui se distingue de manière prodigieuse dans l’histoire contemporaine comme dans l’Eglise, suscitant des réflexions sur les desseins et les prédilections de Dieu.

Un riche entrelac entre histoire, mentalité et culture japonaises avec la vie de Nagai apporte une ultérieure touche de qualité à ce texte. Nagai nous est dépeint comme un homme qui accepta avec une patience toute orientale et une joie chrétienne chaque épreuve à lui réservée. Il resta ostensiblement accroché à la prière, même aux moments les sombres (il mourut en tenant dans sa main un chapelet reçu du pape Pie XII) et il fit fleurir en son cœur cette foi semée des siècles auparavant par saint François-Xavier.

Requiem pour Nagasaki est un livre qui inspire un sens de gratitude envers son protagoniste, envers son auteur et envers qui en a conseillé la lecture.


*Tommaso Ricci est né à Colleferro (Rome) en 1957. Il passe sa licence de philosophie auprès d’Augusto del Noce. Il a été rédacteur pour la revue mensuelle 30 Giorni (trente jours) et est actuellement responsable de la rédaction Culture et Spectacles du Tg2. Il s’occupe aussi de Mizar, une rubrique hebdomadaire d’approfondissement culturel du Tg2.